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Retour triomphal de l'Irlande sur les marchés; La rigueur cela marche!

Alléluia, l'Irlande est de retour sur les marchés financiers après presque 2 ans de purgatoire. Jeudi 5 juillet l'ex-tigre celtique a levé 500 millions d'euros à échéance 3 mois au taux de 1,8% avec une demande qui a représenté 2,8 fois l'offre. Un succès pour le meilleur élève des PIIGS selon la presse quasi unanime (au moins en France). Il faut croire que, depuis le sommet européen du 28 et 29 juin, nous sommes entré dans une période moutonnière où la méthode Coué appliquée aux affaires de la zone euro triomphe: A quoi sert la pluralité de la presse si c'est pour nous servir le même plat tous les jours et dans toutes les cantines?


Mon titre volontairement provocateur s'adresse aux europhobes et eurosceptiques toujours prompt à dégainer les premiers et de manière massive sur la toile. A croire que les thuriféraires de Mélanchon, Dupont-Aignan, Le Pen et Asselineau sont majoritaires en France.

L’Irlande est souvent présenté comme le bon élève parmi les cancres (Grèce, Portugal, Espagne etc.) de la classe Euroland. Il faut dire que les Irlandais même si ils peuvent se montrer teigneux et donner des sueurs froides aux dirigeants européens (on ne compte plus les référendums rejetés) respectent leurs engagements une fois un accord signé en bonne et due forme. Le FMI et l'Union européenne qui se sont portés à son secours n'ont que des motifs de satisfaction - pas comme avec les Grecs qui n'attendent même pas que l'encre de la signature d'un mémorandum soit sec pour le remettre en cause ou qui votent massivement pour des partis politiques d'extrême gauche (Siryza) ou d'extrême droite (Aube dorée) -.

La situation économique de l'Irlande est mauvaises mais moins mauvaise que chez les autres PIIGS. Le taux de chômage est de 14,6%, bien supérieur à celui de l'ensemble de l'Europe (10,3%) mais bien moindre que celui de la Grèce ou de l'Espagne (respectivement 21,9 et 24,6%). La croissance devrait atteindre +0,5% en 2012 et +1,9% en 2013, quand les prévisions pour l'ensemble de la zone euro affichent une récession en 2012 (-0,3%) et un petit +1% en 2013. Mais surtout c'est à des années lumières de la Grèce (-4,7% en 2012 et 0,0% en 2013), de l'Espagne (-1,8% et -0,3), du Portugal (-3,3% et +0,3) ou de l'Italie (-1,4% et +0,4%).
Oui, ce résultat a eu un coût social et financier lourd; les prestations sociales ont été rognées de 5%, 20.000 fonctionnaires ont perdu leurs postes et nombreux qui ont repris le chemin de l'émigration vers l'Amérique ou l'Australie mais c'est peanuts par rapport aux sacrifices subis par les habitants des pays du Sud.
Sans croissance, pas moyen de réduire le chômage ni de réduire la dette. L’Irlande a réussi à briser ce cercle vicieux ce qui d'une certaine manière valide la méthode Merkel et nous fait nous interroger sur la direction prise par le gouvernement français actuel.

Personnellement je pense que la presse s'est un peu vie emballée en parlant de succès pour cette émission de dette et on a eu droit à un manque de recul face à l’événement et à des comparaisons aussi flatteuses que hasardeuses, en particulier en écrivant que l'Irlande se financerait moins cher que l'Espagne ou l'Italie. Dublin a emprunté à 1,8% pour 3 mois quand Madrid était facturé 31% plus cher à 2,362%. Sauf que l'Espagne a lancé son opération le 26 juin - soit deux jours avant le début du sommet européen et donc en pleine incertitude sur les décisions qui allaient accouchées -. Aujourd'hui (5 juillet) les bons de trésor espagnol à 3 mois se traitent à 1,516% (le 3 mois italien est à 1,484% ) soit un taux inférieur de 280 points de base à son équivalent irlandais. Cependant il faut reconnaitre un mérite au gouvernement irlandais celui d'avoir bien choisi sa fenêtre de tir. A noter à titre comparatif que sur cette durée l'Allemagne bénéficie de taux négatif et que la France débourse un taux symbolique 0,048%.
Le fusil aussi a bien était choisi. Les besoins de financement étant assurés par le duo FMI-UE jusqu’à fin 2013, tout incident de paiement sur des titres à échéance antérieures à cette date butoir est un risque très peu probable. Pour que l'opération soit béton de chez béton et ne pas tenter le diable  les Irlandais ont poussé la précaution jusqu’à choisir la maturité la plus courte possible.

Pourquoi emprunter si peu (500 millions), sur une si courte période et alors que le pays n'en a pas vraiment besoin? 
Il ne faut jamais sous-estimer l'égo des peuples et de leur dirigeants (Sarkozy doit avoir les oreilles qui sifflent). Ceux qui perdent leur souveraineté budgétaire se sentent humiliés et rabaissés et un retour sur le marché est une excellente manœuvre politique pour le parti au pouvoir. l'Irlande, depuis qu'elle a obtenu le soutient de l'UE, cherche à renégocier les termes de son emprunt et les conditions du mémorandum qui y sont lui sont liés, un retour réussis sur le marché des capitaux est un argument fort pour infléchir la position de ses sauveteurs. 
Vu l’écart de taux actuel entre l'Espagne et l'Irlande sur l’émission qui vient d’être lancée (le taux irlandais est un peu plus élevé que le taux espagnol) on peut supposer que si Dublin revenait sur une maturité plus classique, le 10 ans par exemple, le coût serait un peu supérieur aux 6,77% madrilènes. Soit un coût prohibitif, ce n'est donc pas demain que l'ex-tigre celtique retrouvera de plein droit le marché.

1 commentaire:

  1. Enfin quelqu'un qui sait.
    D'habitude les gens qui parlent n'en savent pas plus que M. tout le monde, et disent des conneries pour meubler.

    Chaleureusement, merci.

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